Son argumentation est pondérée et bien construite, mais Pierre-Marie Boisseau est un vrai passionné. En façade, il apaise, il écoute. Intérieurement, il bouillonne.
Au milieu, René Jouquand, adjoint à la Culture |
Premier constat, la diffusion des cultures urbaines est trop cantonnée aux MJC. Plus globalement, elles sont souvent rattachées au secteur jeunesse « alors que les gens qui ont fait vivre ces pratiques ont maintenant plus de 40 ans. » Le graff, le chant ou la danse sont certes des expressions « spontanées » (le mot est revenu souvent), c'est à dire peu organisées, mais un certain nombre d'artistes aimeraient pouvoir se professionnaliser. Première chose donc : à quand la fin de l'étiquette « jeunes » ?
Du graff dans des lieux d'expo ? « Pourquoi pas ? »
L'autre question, typique des sujets dont aiment débattre les acteurs culturels : parle-t-on d'une culture ou d'un mouvement culturel ? « On entendait souvent, dans les années 80 et 90 : 'c'est une mode, ça passera'. Mais non, c'est une culture à part entière », s'anime Pierre-Marie. Un salarié du Triangle avoue une méconnaissance globale des métiers de la culture envers le hip-hop. Pierre-Marie renchérit : « Pourquoi ne pas inviter des graffeurs à la Biennale d'art contemporain ? »
A droite, Pierre-Marie Boisseau, de Dooinit |
En clair, comment réunir en un seul lieu toutes ces expressions ?
« A Rennes, on a des champions du monde de DJ, de danse. Mais ils ne sont pas valorisés. Où peuvent-ils s'exprimer ? Aujourd'hui les acteurs des cultures urbaines sont fatigués de porter tous ces besoins à bout de bras. » Il estime qu'un lieu spécialisé hip-hop pourrait tout autant remonter dans le temps et faire découvrir du jazz, du blues et toutes les sources des cultures urbaines ; mais aussi s'ouvrir à d'autres expressions, créer des passerelles.
« Il n'y aura pas de deuxième centre culturel au Blosne », répond René Jouquand. Ses réactions sont autant de conseils donnés aux acteurs locaux : d'une part, le Triangle doit faire de la place aux cultures urbaines, peut-être davantage. D'autre part les acteurs doivent se structurer, prouver qu'ils sont capable de se projeter dans la durée. « Le hip-hop existe depuis 30 ans, rétorque Pierre-Marie. 30 années dans un sas d'attente, ça fait beaucoup. »
CR
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